Le château des morts vivants
Luciano Ricci & Lorenzo Sabatini – Artus films.
Comme son nom ne l’indique pas, vous ne trouverez aucun morts-vivants dans ce film… enfin, pas au sens que les amateurs du genre lui prêtent généralement. Je ne vous en dis pas plus là-dessus car il faut absolument vous laisser envoûter par ce nouvel OCNI (Objet cinématographique non identifié) édité par Artus.
Nous allons suivre les tribulations d’une troupe de théâtre ambulant, invitée dans le château d’un mystérieux comte (Christopher Lee) pour y donner une représentation. Dès le début, le spectateur est entraîné dans l’histoire par une très belle accroche qui laisse présager une aventure intrigante. Les personnages de la troupe sont bien typés. Quelques actions dans les premières scènes suffisent à les caractériser. Le chef de la troupe, sa très jolie sœur, l’arlequin aigri, le muet, le nain, le soldat errant qui se joint à la troupe sont autant de protagonistes qui ont leur mot à dire (ou leur geste, s’agissant du muet) dans le scénario. Pas de second rôle, donc, ce qui démontre un bon équilibre dans l’écriture de ce film.
Puisqu’on parle des acteurs, il faut citer la performance de Donald Sutherland qui tient deux rôles : celui d’un gendarme assez truculent, et celui d’une vieille sorcière, incarnation du destin (mais pas seulement), qui vaut son pesant de lignes de la main.
C’est un film qui s’installe dans la durée : pas de chat qui vous saute à la figure sur un « tadaam » propre à vous faire sursauter. Ici, on prend le temps de la mise en scène dans un décor très fouillé et parfaitement adapté à l’intrigue. Le jardin aux sculptures plus ou moins thaïlandaises est merveilleusement décalé, la salle des animaux empaillés inquiétante.
L’histoire se complique, les apparences sont trompeuses, le comte fait penser à Dracula (forcément), mais pas de vampire à l’horizon. Une passion malsaine, une amourette sympathique, une vengeance en arrière-plan, des personnages qui ne révèlent pas tout de suite leur vraie nature, tout est orchestré pour que le spectateur n’ait pas le temps de s’ennuyer.
Les ressorts du film sont à la fois classiques et surprenants parce qu’ils se produisent à des moments inattendus.
Je rajouterai que la scène de poursuite avec le nain est un morceau d’anthologie. Il n’y a vraiment pas de second rôle dans cette histoire !
L’un des moteurs du suspens est de se demander qui meurt et qui survit. Classique, mais pas toujours facile à prévoir. Les héros ne sont pas toujours ceux qu’on croit, même si certains ont quand même bien ce statut inscrit sur leur front. L’ultime question reste : quel est le secret de ce comte mystérieux ? On finit bien sûr par s’y attendre, par deviner avant que les héros y parviennent, mais vous qui me lisez, ne comptez pas sur moi pour déflorer le sujet.