Science

Comètes

Ben, justement, échafaudons des plans sur la comète.
(Photo ci-dessus : Patrice Verry)

Voir une comète est toujours fascinant. Si ce spectacle inquiétait nos anciens, qui chargeaient l’objet de présages maléfiques, il ne doit plus nous inspirer aujourd’hui que des pensées esthétiques ou scientifiques. Profitons-en pour évoquer quelques aspects de ces objets qui font les délices des astronomes amateurs ou professionnels.

1-Une comète, c’est quoi ?

Et tout d’abord ce que ce n’est pas. Certaines anciennes représentations graphiques pourraient prêter à confusion pour ceux qui n’ont pas l’habitude du ciel. Une comète, ce n’est pas une étoile filante. Une étoile filante, c’est un petit grain de poussière qui se consume en pénétrant dans l’atmosphère, et que vous voyez traverser le ciel en une seconde. Ces grains de poussière sont souvent des résidus de queue de comète (d’où peut-être la confusion), mais leur observation est éphémère.

Une comète c’est une boule de glace sale qui tourne autour du soleil. En s’approchant de lui, sous l’effet du réchauffement et du vent solaire, la comète développe une queue constituée de poussières et une autre constituée de gaz ionisé. Ces deux queues sont plus ou moins visibles depuis la Terre et elles sont orientées à l’opposé du soleil. Ça n’a rien à voir avec la trainée que laisse un avion derrière lui dans le sens contraire de sa trajectoire. Quand une comète s’éloigne du soleil, les queues se trouvent devant elle, toujours à l’opposé du soleil.

Vous ne verrez pas une comète se déplacer à l’œil nu. Mais, tout comme la lune, si vous l’observez plusieurs jours de suite, elle aura changé de position.

2-Une comète, d’où ça vient et où ça va ?

L’étude de nombreuses trajectoires de comète indiquerait qu’il existe, assez loin autour du soleil, dans une zone comprise entre 30.000 et 150.000 fois la distance Terre-Soleil (ça fait plus de cinq mille milliards de kilomètres, c’est assez loin), un réservoir de comète appelé « Nuage d’Oort ». Forcément, du fait des interactions gravitationnelles, certaines vont parfois se diriger vers l’intérieur du système solaire. Elles vont alors obéir aux règles de la mécanique céleste et suivre des trajectoires elliptiques, paraboliques ou hyperboliques.

Dans le cas d’une trajectoire elliptique, la comète va se comporter comme une planète et repasser périodiquement. Sauf que l’ellipse est tellement allongée qu’il peut s’écouler des dizaines, voire des centaines d’années, avant qu’elle ne repasse dans nos parages. Vous avez peut-être en tête le nom de la comète de Halley dont la période est d’environ 70 ans. Son dernier passage date de 1986 et vous la retrouverez en 2061(mais sans doute sans moi).
Quant aux autres trajectoires, elles sont ouvertes sur l’infini. Ce qui signifie que la comète va s’éloigner indéfiniment et disparaître dans le cosmos pour ne plus jamais revenir (tel Molnik le Naphteux et sa spirale aluminoïde… euh… bon ! Oubliez ça).

On notera aussi que les grosses planètes (en particulier Jupiter et Saturne) ont une influence sur la trajectoire des comètes. Eh oui ! Les forces de gravitation générées par tous les corps célestes s’exercent sur tous les autres. On se rappellera le cataclysme qui frappa Jupiter en 1994. Sous l’action des effets de marées liés à la proximité de la planète, la comète Shoemaker-Levy 9 se fragmenta, et chacun de ses morceaux vint frapper la planète géante.
On est bien content que ce se soit produit là-bas, un seul de ces fragments aurait suffi à anéantir notre civilisation. Ce qui nous conduit à la dernière question.

3-Est-ce dangereux, une comète ?

Dans le cas que j’évoquais ci-dessus, Jupiter a joué le rôle d’aspirateur cosmique. Bien plus gros que la Terre sa puissance d’attraction lui donne beaucoup plus de chance de capturer des comètes que notre modeste planète. Certaines théories mettent d’ailleurs en avant que ce serait l’un des facteurs favorables à notre survie.

Mais ça n’a pas toujours été le cas. La meilleure théorie actuelle sur la disparition des dinosaures fait appel à la chute d’une comète, à une époque où elles sillonnaient le ciel en plus grand nombre, avant que le ménage soit fait pour aboutir à la situation actuelle.

On aurait même retrouvé le cratère d’impact dans le golfe du Mexique !

Quoi qu’il en soit, à l’instar des astéroïdes géocroiseurs, et même si la probabilité est faible, on ne peut pas négliger cette source de danger potentiel qui donnerait raison à nos ancêtres les Gaulois : le ciel pourrait un jour nous tomber sur la tête !

Pour terminer sur une note positive, sachez que les comètes intéressent énormément les scientifiques. Leur composition, quasiment intacte depuis l’origine du système solaire nous permettrait d’en savoir plus sur sa formation.

Si l’on rajoute que d’autres théories voient dans les impacts cométaires, une possible origine de la vie sur Terre (la panspermie), nous abordons des sujets très à la mode (avec la recherche de la vie sur Mars).

Mais ceci est une autre histoire.