Vous avez dit vampire ?

Les différentes manières de raconter un vampire.

Au commencement il y eut Bram Stoker qui traduisit à sa façon l’histoire de Vlad Basarab dit ‘Tepes’ (l’empaleur) ou Draculea (le dragonneau). Dracula, l’œuvre la plus connue de Stoker, parue en 1897, est aussi la plus méconnue. Ces images qui viennent d’ailleurs mais tellement présentes quand elles se reflètent sur nos rétines par l’intermédiaire des écrans de cinéma ont complètement fait oublier cette œuvre poignante et romantique. Si vous ne me croyez pas lisez-le. Vous serez alors à même de juger tout le drame de ce vampire qui meurt de trop aimer. Vous serez à même d’évaluer la distance entre le roman et ces différentes manières qu’a eu le cinéma de raconter un vampire.

Cette approche est non exhaustive et ne prétend pas recenser l’intégralité des films sur le sujet.

Le vampire muet

Le Nosferatu de Murnau est sans doute le plus connu des cinéphiles. Le cinéma muet remplace la parole par le geste expressif, voire excessif, le jeu des éclairage, les contrastes. Nous sommes bien loin du romantisme. Ce Nosferatu est terrifiant. Mais l’on ne peut s’empêcher de sourire à la vue de ce vampire qui se dresse tout raide de son tombeau (il doit avoir une planche dans le dos). Quoi qu’il en soit, l’atmosphère est pesante à souhait pour un film d’horreur. (Le film sera repris en 1979 par Werner Herzog avec l’excellent Klaus Kinski dans le rôle titre… mais nous ne sommes plus à l’ère du muet).

Le vampire Hammer

Tout le monde connaît Christopher Lee. Et tout le monde connaît la Hammer film avec sa cascade de monstres… à suivre. C’était l’époque du filon qu’on tient et qu’on ne lâche plus. Il faut des suites. Dracula passe son temps à mourir (profitez-en pour dresser le catalogue des façons de tuer un vampire) et à réapparaître dans le film suivant. Malgré tout on a une série assez plaisante avec une interprétation à la fois théâtrale et cinématographique. Je n’ai pas vérifié si le dentier de Christopher Lee avait été vendu sur eBay.

Le vampire séducteur

Quand le Dracula de John Badham a obtenu le prix du Festival international de Paris du film fantastique et de science-fiction en 1980 ce n’était pas immérité. Quel séducteur ce Frank Langella ! On n’avait plus l’habitude de ce genre de vampire. Quand Dracula entrait en scène, il avait une telle présence qu’il en effaçait les autres acteurs. C’est cela le pouvoir hypnotique du vampire. L’ambiance du film est assez proche de celle du roman. Et n’oubliez pas : un vampire ne peut entrer chez vous si vous ne l’y invitez pas !

Le vampire gothique dans toute sa splendeur

En 1993 la censure n’est plus ce qu’elle était… et l’on peut montrer les choses de façon beaucoup plus crue ! Coppola ne s’en prive pas et nous offre un spectacle du beauté noire qui permet à Gary Oldman de donner toute la mesure de son talent à travers les divers avatars du comte Dracula. L’ambiance est brumeuse, angoissante, sensuelle, dramatique et la musique soutient admirablement ce petit chef d’œuvre. Il est agréable de constater qu’on peut renouveler une œuvre tout en restant fidèle à l’original.

Le vampire parodique

Le bal des vampires de Polanski reste encore aujourd’hui l’un des meilleurs films parodiques sur Dracula. La trame de l’histoire est conservée mais les péripéties sont du plus haut comique sans qu’on ait l’impression (sur le moment) que le trait soit forcé… et pourtant il l’est ! Que ce soit à partir de procédés impossibles (le professeur qu’il faut décongeler dans une bassine d’eau chaude) ou de la reprise humoristique des caractéristiques des vampires -ils ne se voient pas devant une glace (malheureusement nos héros, si !), ils ont peur des croix (même de deux objets croisés et jetés sur le sol), on est bien porté à rire… même si les vampires ne sont pas des gens très rigolos.

Pour la suite je vais m’éloigner de Dracula. Oui ! Notre homme a fait des petits et le monde en est plein. Le sujet est vaste et je n’en évoquerai que deux aspect pour éviter d’y passer la nuit et de nous faire surprendre par le lever du soleil.

Le vampire philosophique

Quand on s’entretient avec lui on est proche du nihilisme. Ni dieu ni diable : une profonde angoisse de vivre et aucune réponse aux questions existentielles. Nous sommes dans le monde d’Anne Rice dont l’adaptation au cinéma a vu le jour en 1994. Des vampires il y en a beaucoup. Il y en a même qui essayent de résister à leur condition de vampire (on ne leur a pas forcément demandé leur avis avant de les mordre pour qu’ils le deviennent). Ames sensibles s’abstenir.

Les envahisseurs

Vous savez bien : ces êtres étranges venus d’une autre planète. Et bien là non ! Ils sont parmi nous mais ce sont des vampires. Heureusement Buffy est là pour que vous puissiez continuer à lire cet article en toute sérénité. Ils sont partout vous dis-je ! John Carpenter vous apprend même que c’est l’église catholique qui les a créés (un comble non ?)…

Bien d’autres thèmes pourraient alimenter la liste mais, pour conclure, j’ai cru remarquer récemment que le jeune vampire romantique plaisait beaucoup aux jeunes filles. Parents ! Ne laissez pas sortir vos enfants le soir.

Je vous souhaite une bonne nuit.