Babylon 5
Une saga qui a su se limiter.
Babylon 5, série télévisée de la fin des années 90, restera atypique à plusieurs points de vue.
Tout d’abord, contrairement à beaucoup de séries qui rajoutent saison sur saison au fur et à mesure de leur succès mais qui finissent toujours par s’essouffler (X-files, Stargate…), Babylon 5 fut conçue pour cinq saisons par son créateur J. Michael Straczynski. Il y a donc une vraie histoire à raconter avec un début et une fin. La trame principale est claire et tous les mystères (qui sont parfaitement introduits dans le pilote de la série) trouvent leur solution au cours des cinq saisons sans qu’on ait l’impression que les scénaristes aient été obligés de faire des pirouettes pour s’y retrouver.
Bien sur, comme dans toute série, on trouvera des épisodes plus faibles que d’autres, des épisodes qui ne font pas beaucoup avancer l’intrigue mais qui zooment sur l’un des personnages principaux pour en approfondir les motivations, des épisodes convenus (l’ethnie qui refuse la médecine pour des questions religieuses, la corporation qui fait grève, le combat de boxe, l’intervention des journalistes…) mais si l’on dépasse ces aspects, on découvre une montée en puissance de l’intrigue jusqu’à un paroxysme qui donne la clé de presque tout puis une retombée progressive qui amène une fin tranquille, une fin qui permet de passer du temps avec les personnages qu’on a aimé.
D’aucuns seront peut-être rebutés par ce démarrage un peu lent mais c’est le temps qu’il faut pour s’imprégner de l’esprit de la série, pour en comprendre les règles. Et puis il y a le côté puzzle qui ravira tous ceux qui aiment une certaine complexité dans le scénario. Des éléments incompréhensibles dans la saison 1 trouvent leur place logique dans la saison 3 et à la fin de la saison 5 on se rend compte qu’on peut aller au-delà de cette fin en utilisant des éléments distillés dans les saisons précédentes : du grand art !
Le deuxième point qui caractérise Babylon 5 concerne les effets spéciaux. On les retrouvera identiques du début à la fin ce qui renforce l’unité de la série (contrairement par exemple à Star Wars dont les épisodes 1 2 3 montrent une technologie qui semble beaucoup plus avancée que dans les épisodes 4 5 6).
Bien entendu chaque série mettant en scène des combats spatiaux possède sa propre marque de fabrique. Dans Babylon 5 les lasers sont des vrais ! Pas des sortes de pointillés de lumière qui avancent… moins vite que la lumière ! En effet un laser de Babylon 5 vous tronçonne un navire de guerre en quelques instants. Dès lors que l’arme est active, le trait de lumière découpe. Ce qui donne des combats parfois courts mais violents !
Il est vrai que la vision du pilote de la série donne une impression de carton pâte dans les décors. Mais ce décor restant identique de la première à la cinquième saison il reste ce qu’il doit être : un décor qui sert de support à l’intrigue et non un objectif en soi.
Le troisième point concerne les personnages eux-mêmes qui brisent les stéréotypes couramment utilisés en space opera. Quand on le rencontre pour la première fois, G’Kar l’homme-lézard rappelle par son agressivité les Klingons de Star Trek. Puis on découvre derrière cette façade orgueilleuse un être courtois et diplomate. On le verra passer au cours des divers épisodes d’une position d’agresseur à une position de victime ce qui transforme complètement le personnage.
De même Londo Mollari, qui semble être de prime abord celui que le ridicule tue (accent italien exagéré, comique de situation…), devient assez rapidement un personnage central dont on ne sait plus si on doit le haïr ou le plaindre.
L’un des principaux attraits de Babylon 5 est qu’aucun des personnages principaux ne reste totalement figé. Ce qu’on ne sait pas est plus important que ce que l’on sait et contribue à un certain nombre de rebondissements inattendus mais passionnants.
Babylon 5 est-elle un space opera ? Chacun mettra sans doute sa propre étiquette et l’on ne peut nier qu’il y ait de l’action, des combats spatiaux, de grands mystères galactiques, des extra-terrestres… Mais si j’osais une comparaison (j’ose et j’assume les retombées) : toutes proportions gardées on est plus proche de l’esprit de « Dune » que de « Star Wars ». En effet, ce sont vraiment les personnages qui font l’histoire plus que le décor spatial.