Dead Zone

Le pire n’est jamais certain.

Salut les amis !

Comme tous les matins (ne niez pas je vous connais petits canaillous), vous vous interrogez sur ces romans, BD, films qui abordent sans complexe le thème de la prévision du futur. Je ne me lancerai pas aujourd’hui dans l’étude de « L’empereur-dieu de Dune » (Frank Herbert) qui est à mes yeux l’un des romans qui développe ce sujet en allant au plus profond de ses aspects philosophiques et humains : cela nous entrainerai au-delà de l’espace réservé à ces pages.

Pour les amateurs de petits mickeys je ne saurais trop conseiller « Universal War One » (6 volumes) et « Le complexe du chimpanzé » (3 volumes). Chacune de ces BD, à sa manière (logique ou quantique), nous fait des nœuds au spatiotemporel et au cerveau : un régal !

Mais pour ce qui est du cinéma (objet de notre rubrique), et pour m’écarter des sentiers battus (et rebattus) des « Paycheck » et autres « Minority report »,  je retiendrai l’alliance de Stephen King et de David Cronenberg : Dead Zone est à la fois un film à suspens et (pour ceux qui comme vous aiment aller au fond des choses) une ébauche de réflexion sur les paradoxes et les drames humains que peuvent engendrer cette connaissance supposée du futur.

Ne négligeons pas le début, romantique à souhait. Là où nous devrions ressentir le côté plaisant d’une idylle, c’est l’angoisse qui s’installe renforcée par le poids de la musique de Michael Kamen. La séquence du grand huit symbolise-t-elle d’ores et déjà les méandres du temps ?

Le temps c’est d’abord le temps subjectif. Pour notre héros (Christopher Walken) cinq ans de coma s’évanouissent dans les limbes. Pour lui rien n’a changé : son accident c’était hier ! Mais la réalité est toute autre. Pendant cinq ans son entourage a continué à vivre. Premier décalage.

Puis les visions du futur ou du passé des autres commencent à le hanter. Deuxième décalage : comment peut-il encore espérer vivre dans le présent ? Prisonnier de ce don, de cette malédiction, partagé entre le repli sur soi et le désir d’utiliser ce don pour la communauté il finira par aller jusqu’au bout de son destin. Mais y a-t-il réellement un destin ?

Ce film est entièrement centré sur le personnage de Christopher Walken. C’est un personnage à part, incapable de se réinsérer dans une vie sociale dont le contexte lui est à jamais étranger à cause de ce pouvoir qui, à la fois, attire et rebute son entourage. L’homme est en même temps considéré comme sauveur, sorcier, charlatan… D’aucuns peuvent essayer de le tourner en ridicule mais nul ne résiste à celui qui peut vous dire « Voulez-vous vraiment savoir… ».

Non ! Personne ne veut connaître l’avenir. Oui monsieur, madame, vous allez mourir… voulez-vous vraiment savoir quand ? Voulez-vous savoir que votre mère que vous croyez morte depuis 40 ans est encore en vie ? Voulez-vous savoir pourquoi votre sœur s’est suicidée ? C’est le fardeau du personnage : savoir et ne pouvoir partager ce savoir sans se couper encore plus du reste de l’humanité.

Voilà donc un film simple dans son sujet et sa conception mais qui met l’éclairage sur les côté sombres de la nature humaine. Une séquence est particulièrement significative : celle de la traque du tueur en série. La lumière utilisée donne l’impression que la scène a été tournée en noir et blanc. Le tunnel est sombre, l’extérieur éblouissant. Tout est luisant sous les projecteurs de la police. C’est une métaphore du comportement humain mais également de ce que représentent ses visions pour le héros. Lui-même n’échappe pas à ses contradictions. Pourtant, les diverses péripéties de l’histoire mettront en valeur la qualité profonde de son humanité : en effet, quoi de plus humain que de vouloir aider les autres quand on connaît les drames qui les attendent ? Et cette qualité-là, malgré lui, il ne peut y échapper, il ne peut se contenter d’être passif, de se dire « J’étais là et je n’ai rien fait ».

Pour conclure, sachez que le final échappe aux dénouements convenus (non, je ne vous dirai pas s’il sauve le chien). Ce classique de 1983 est à voir ou à revoir.