Real humans

La science-fiction à la suédoise.

Les Suédois ne sont pas des gens comme tout le monde. Prenez les acteurs de série télé par exemple. Ne serait-il pas de bon ton que les héroïnes soient de pulpeuses Barbie à la poitrine siliconée et que les héros soient des clowns de George cloné (ou le contraire je ne sais plus) ? Eh bien non ! Tout ça, c’est bon pour les séries américaines, pas pour les suédoises (les séries).

Au début, ça surprend (c’est vous dire à quel point nous sommes formatés par l’industrie hollywoodienne), mais qu’est-ce que c’est reposant et sympa de voir des physiques différents et qui ressemblent à des vrais gens… enfin presque, parce que là, je vais vous parler d’androïdes.

Le propos de Real humans est un grand classique de la science-fiction : les androïdes sont parmi nous, ils ont pris forme humaine, et le cauch… enfin non, ils remplissent à merveille les tâches domestiques et, au sein des usines, sont plus efficaces que les ouvriers.

Un monde idyllique ? Bien sûr que non, sinon il n’y aurait pas d’histoire. Commençons à énumérer les petits tracas qui vont créer les multiples rebondissements du scénario et faire monter la tension du spectateur. Comme à mon habitude, je ne vais rien révéler de crucial, le décor de l’intrigue (des intrigues d’ailleurs) étant posé dès les premiers épisodes :

– Il y a d’abord les vrais humains (les Real humans), ceux qui ne supportent pas que ces robots au visage angélique prennent de plus en plus d’importance au sein des familles et des entreprises. Si certains membres de ce groupe politique ont des raisons parfaitement légitimes de détester les androïdes, on se doute que ce « racisme » à l’égard des robots, cette revendication de la supériorité de la race humaine, ne va pas sans son cortège d’extrémistes avec qui tout peut arriver.

– Autre petit souci : certains humains s’attachent à leur androïde. Oui, mais voilà ! Quand un androïde tombe en panne, il est envoyé à la casse. Jusqu’où peut aller l’attachement d’un être humain pour une machine cassée ?

– Dans la Suède de Real humans, une famille moderne se doit d’avoir une aide domestique. Si l’androïde est une jolie fille, cela ne peut que réjouir le regard des mâles de la maisonnée. Mais la liberté des mœurs de ce beau pays ira-t-elle jusqu’à cautionner l’utilisation d’une domestique comme sex-toy ? Vaste débat en perspective !

– Et puis il y a ces androïdes qui semblent échapper à toute programmation, mais ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus à ce sujet.

Il vous reste à mélanger les ingrédients ci-dessus, et vous obtenez une série au scénario de bonne facture, aux personnages attachants, avec ce qu’il faut de mystère pour vous tenir en haleine au fil des épisodes.

Amateurs de poursuites en voiture et de grands effets spéciaux, passez votre chemin. Cette série n’est pas pour vous. Par contre, si vous aimez la Socio-Fiction, la SF qui n’hésite pas à mettre sur la table, sans concession, le genre de sujets susceptibles d’enflammer les débats politiques et les querelles de comptoir de nos sociétés en mutation, alors vous trouverez dans Real humans de quoi y réfléchir tout en vous divertissant.

Comme souvent dans ce genre d’histoire, c’est la nature même de l’humanité qui est mise en question. Y a-t-il quelque chose qui rend l’être humain unique ? Qui le différentie des animaux ? Ou, comme l’avait abordé Clifford D. Simak dans son roman De temps à autres, les androïdes ont-ils une âme ?

Je terminerai en citant le sous-titre qui apparait sur la jaquette des DVD de la première saison :

Parfois le genre humain est du genre inhumain.

Et si c’était ça qui faisait sa spécificité…