Les dents de Kitty

Type : Nouvelle publiée en anthologie
Genre du recueil : Fantastique vampirique
Anthologie dirigée par : Marianne Stern
Couverture : Alexandra von Bach
Parution : décembre 2012 / Le Petit Caveau
Format : papier

Sommaire :

  • Chapitre premier (Jean-Paul Raymond)
  • Comme un cœur qui bat (Tepthida Hay)
  • Noblesse d’âme (Lydie Blaizot)
  • Neverland (Henri Bé)
  • Les Naömis (Jean Vigne)
  • Petrus (David Osmay)
  • Cuttle Feesh (Alice B. Griffin)
  • Les dents de Kitty (Patrice Verry) Lire un extrait
  • Si tous les rois de la terre (Olivier Boile)
  • Dis moi qui tu manges (Malaïka Macumi)
  • Déchéance (Patrice Mora)
  • Mamoiselle Edwarda (Vincent Tassy)

Il est grand, il est beau, il est fort. Sa beauté fait rêver, son regard ténébreux envoûte. Il dicte ses propres lois, règne dans l’ombre sur le monde.
Il fascine autant qu’il effraie. On redoute de croiser sa route par une nuit sans lune… Le Vampire.
STOP!
On rembobine et on recommence.
Des vampires à cette image, c’est ennuyant, n’est ce pas ?
Ils ne sont pas tous des héros, des créatures dotées d’une puissance sans limite, ils ont aussi des peurs, des tics, des phobies, des faiblesses.
Ces vampires malgré eux, ces antihéros, on les oublie bien trop souvent. Alors aujourd’hui, douze auteurs ont décidé de les mettre sous les feux de la rampe.

— Maman ! C’est quoi un vent pire ? Ça souffle plus fort ?
Alice ne put s’empêcher de sourire au jeu de mots involontaire de Kitty. Puis elle fronça les sourcils, mal à l’aise. La jeune femme avait redouté cet instant et ses conséquences, tout en sachant qu’elle ne pourrait pas indéfiniment protéger sa fille du monde extérieur. Des souvenirs désagréables envahirent son esprit et lui ôtèrent toute envie de plaisanter.
— Mes copines, à l’école, elles disent que je suis un vent pire.
— Ne t’inquiète pas ma puce, elles disent cela pour te taquiner.
Kitty se renfrogna.
— Mais c’est quoi ? insista-t-elle d’une voix plaintive.
Alice prit une inspiration. L’absence de télévision à la maison lui avait procuré un trop court répit. Les enfants de son âge connaissaient le mot, bien sûr.
— Un vampire, c’est comme un ogre. Tu sais ? Un méchant avec de grandes dents.
Le visage de la petite fille s’éclaira sous l’effet de la compréhension. Elle mit un doigt dans sa bouche et toucha ses dents.
— Ne fais pas cela, Kitty !
— Ze suis un vent pire !
— Mais non ! Ce sont des histoires pour faire peur.
Kitty ôta son doigt et l’essuya sur sa chemisette.
— Je n’ai pas peur moi ! répliqua-t-elle fièrement en dévoilant ses quenottes.