Le fou qui volait la tête en bas

Type : Roman Genre : Post-apocalyptique fantastique / Uchronie vampirique Couverture Mathieu Seddas Parution : février 2018 / Editions Voy'[el] Format : papier et numérique Transformée en vampire, Jessica a intégré le clan d’Orvano, un très vieux seigneur vampire basé près de Clermont-Ferrand. Celui-ci voit loin et nul n’a conscience de la complexité de ses desseins. Tandis que le caractère volontaire et le dynamisme de Jessica amènent les vampires là où Orvano le désire sans que Jessica s’en aperçoive, la guerre avec les humains se profile à l’horizon. Lorsqu’elle éclate, le monde se retrouve à feu et à sang, les deux camps rapidement débordés par l’apparition d’un troisième ennemi qui n’épargne personne : les Fous. Devant l’ampleur de la menace, vampires et humains sont obligés d’enterrer la hache de guerre et de coopérer, tandis que la survie s’organise en sous-sol, seul endroit où les Fous ne se rendent pas. Et s’il existait un remède à cette folie qui permettrait de reconquérir la surface…?

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Ce qu’ils en disent : – Les lectures de Sophie – Littévasion – Ouest France – Vampirisme.com

Après un quart d’heure d’immobilité totale, le moindre de mes sens, la moindre de mes terminaisons nerveuses tendus vers mon environnement, j’étais capable de dresser la carte de ce qui m’entourait. La position des petits animaux nocturnes, craintifs et prudents, la variété des odeurs de la végétation rase du causse, et celle, plus lointaine, de ceux que je traquais, étaient aussi précises que si j’en avais fait l’inventaire depuis le dos d’un aigle.
Un quartier de lune s’enfonçait derrière l’horizon boisé, et la nouvelle étoile, apparue depuis quelques mois, jetait ses feux inquiétants au beau milieu de la nuit. Nul, ici, ne semblait l’avoir vue, tant étaient puissantes les préoccupations de la terre et de la survie quotidienne. Je n’ai que peu d’affinité avec les croyances des humains, mais leur compréhension m’éclairait souvent sur les comportements, étranges à mes yeux, que je constatais chez eux. Auraient-ils remarqué cette étoile ? Ils en auraient fait un présage heureux ou maudit, auraient adapté leurs actes en conséquence, quitte à modifier de façon irrationnelle l’avenir de leur société locale ou régionale.
Si cet astre récent me préoccupait, c’est qu’il correspondait à l’apparition des fous, un fléau très concret, celui-là. J’ignorais si les événements étaient liés ou s’il s’agissait d’une de ces coïncidences dont est friand l’univers, mais je ne pouvais négliger ce fait tant que l’énigme des fous n’était pas résolue et le danger maîtrisé.
Je me décidai à bouger. Un renard fila entre mes jambes, et je le saisis à la gorge, presque par réflexe. Malgré mon envie de planter mes crocs dans sa chair palpitante, je le relâchai. Il s’enfuit sans demander son reste. Je n’étais pas en manque de sang, et je n’étais pas venu pour cela.
Je laissai derrière moi le buis qui m’abritait pour m’élancer sur la steppe blafarde en direction du nord. À fleur de sol, la blancheur du calcaire conférait au paysage un aspect fantomatique. Genévriers, chardons, lavandes, érines, campanules et autres plantes endémiques parvenaient à peine à rappeler que la vie existait dans ce lieu quasi désertique. J’aimais cet endroit, ses contrastes, les nuances de ses senteurs. J’aimais le calme de cette montagne usée, plus vieille que le plus vieux de mes semblables.
Et je ne pouvais supporter qu’elle fût livrée à une horde d’êtres déments dont j’ignorais tout !